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Gunslinger Girl [japanime]
(Ecrit le 08-10-2004 par Dorian)
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Introduction
Sortie courant 2003, « Gunslinger Girl » est l’une des dernières productions du studio Mad House à qui l’on doit de nombreux animes tels que « Trigun », « Chobits », ou encore « Metropolis » et « Perfect Blue ». La liste est longue et son contenu éclectique. Toutefois, bien que pour cette production l’équipe soit sensiblement la même que pour « Chobits », elle nous montre avec ces treize épisodes qu’il y a mille façons de jouer à la poupée…
Staff
Scenario : Junki Takegami
Réalisation : Morio Asaka
Character Design : Hisashi Abe
Musique : Toshihiko Sahashi
Synopsis
La scène prend place en Italie où, pour lutter contre la grande criminalité et le terrorisme, le gouvernement a décidé d’appliquer l’adage selon lequel la fin justifiait les moyens. C’est dans cette optique de répondre à la violence par la violence qu’est secrètement constituée une organisation spécialisée dans l’assassinat, dont le bras armé n’est autre qu’un groupe de cinq fillettes. Toutefois, elles n’ont de fillettes que l’apparence, puisqu’elles sont pourvues d’implants cybernétiques leur conférant des aptitudes au combat exceptionnelles mais également une durée de vie limitée…
Un sombre contexte
Avant d’entamer l’étude des personnages, il convient de présenter quelque peu le contexte dans lequel ils évoluent afin de bien les cerner.
La façon de procéder de l’organisation est la suivante. Elle recherche des filles âgées d’une douzaine d’années dont la vie semble gâchée, que ce soit à cause d’une maladie ou d’un accident, et dont personne ne peut plus s’occuper. Elle leur offre alors une nouvelle vie à sa solde ainsi que des implants cybernétiques. Pour que leur douloureux passé ne refasse surface, elles subissent un « conditionnement » dont l’objectif est double. D’une part, il efface autant que faire ce peut leur mémoire individuelle. D’autre part et comme son nom l’indique, il détermine leur comportement et conditionne leurs sentiments notamment à l’égard de leurs superviseurs afin qu’elles suivent scrupuleusement leurs ordres et qu’elles les protègent. Ainsi, à chacune des filles est attribué un superviseur, appelé « grand frère » dont le rôle est de la former. Il veille à l’entraîner afin qu’elle sache exploiter au mieux les capacités que son corps cybernétique lui procure. En définitive, le superviseur est le cerveau et la fillette l’exécutant.
Comme je l’énonçais lors de l’intertitre, « Gunslinger Girl » est sombre ; je devrais même dire malsain. Inutile de dire que le fait que ce soit des fillettes qui commettent les assassinats y est pour beaucoup. On ne pouvait trouver meilleur contraste que de transformer des anges en bourreaux. Toutefois, ce sont les effets du conditionnement qui mettent le plus mal à l’aise. De son fait, les jeunes filles n’ont pour ainsi dire aucun discernement ; toute notion de bien ou de mal est abolie. Elles exécutent les ordres de leur superviseur et s’en réjouissent. Ainsi, elles peuvent tuer sans que leur visage ne trahisse une quelconque haine et sourire l’instant d’après. De plus, du fait du conditionnement, ces jeunes filles ont une espérance de vie réduite et souffrent, lorsqu’il est répété, de ses effets secondaires lesquels se traduisent par des pertes de mémoire fréquentes. En d’autres termes, et pour résumer les effets du conditionnement sur lesdites jeunes filles : l’organisation leur procure une vie triste et courte que le conditionnement parvient à leur faire aimer.
Les fratries
José et Henrietta constituent le « binôme protagoniste ». José est, de tous les superviseurs, celui qui considère le plus son rôle comme celui d’un grand frère. Il enseigne à Henrietta tout ce qu’elle doit savoir pour mener à bien ses missions mais ne la considère nullement comme un outil. A ce titre, il lui porte beaucoup d’affection et ne manque pas de la récompenser au terme de chaque mission. Il se dégage de lui une certaine tristesse, laquelle est probablement due au fait qu’il porte le fardeau d’Henrietta qui, du fait du conditionnement, ne peut se rendre compte de la tristesse de sa vie. Henrietta pour sa part, est une adorable fillette et est l’exemple le plus patent des effets du conditionnement. Eperdument amoureuse de José, elle ferait tout pour le protéger et lui être utile.
Jan et Rico entretiennent quant à eux des relations totalement différentes. Bien que frère de sang de José, Jan n’adopte absolument pas le même point de vue que celui-ci quant à leur rôle. Pour Jan, Rico est un outil et non une petite soeur. Il ne lui porte pour ainsi dire aucune considération et se contente de l’entraîner aux taches militaires. Il ne voit en elle qu’une arme et n’hésite pas à la dénigrer lorsqu’elle n’est pas efficace. Indéniablement froid, Jan n’est cependant pas un monstre et c’est ce pourquoi son attitude vis-à-vis de Rico apparaît choquante. On peut le voir comme une solution de facilité de sa part : en ne voyant en elle qu’une arme, il ne peut voir sa tristesse. Cette marque de détachement se traduit notamment par le fait qu’il est le seul superviseur à avoir donné un nom masculin à son élève. Du fait du conditionnement, Rico s’accommode de cette relation et protège Jan en toute circonstance. Néanmoins, elle ne semble pas lui vouer l’admiration qu’Henrietta porte à José.
Hilscher et Triela pour leur part se comprennent relativement mal. Ils ne savent quel comportement adopter l’un envers l’autre. D’un coté, Hilscher hésite entre la sévérité et l’affection. De l’autre, ne sachant comment Hilscher la considère, Triela n’ose se confier à lui. Des cinq jeunes filles, Triela est l’aînée et fait preuve à ce titre de plus de maturité que ses consœurs. Elle semble aussi être celle chez qui le conditionnement a le moins d’effet.
Marco, quant à lui, va avoir une attitude changeante envers Angelica. Au départ, sa relation avec elle est proche de celle qu’entretiennent José et Henrietta. Toutefois, Marco ne peut porter le trop lourd fardeau d’Angelica et essaye de se détacher progressivement d’elle. Il est l’un des superviseurs qui laisse le plus transparaître sa torture, mais aussi l’un dont la sensibilité est la plus éprouvée par les infortunes de sa protégée, laquelle est une fillette adorable mais peu chanceuse.
Afin d’éviter tout spoiler, je laisse de coté le binôme Raparo – Claes ^_^
Coté conception
Le moins que l’on puisse dire de cet anime, c’est qu’il est atypique, et ce à plusieurs égards. Cette singularité se marque tout d’abord dans le fait qu’il se déroule en Italie, ce qui est chose peu courante pour un anime. Elle se marque ensuite dans le fait que, bien qu’il s’agisse d’une série courte, la psychologie des personnages est très poussée. Indubitablement, elle prend le pas sur le scénario qui, bien que cohérent, n’apparaît pas très fourni. Le fil conducteur se situant donc davantage au niveau de la psychologie des personnages que de l’histoire, il est inévitable que le rythme de la série soit relativement lent, ce qui pourra éventuellement déplaire aux amateurs d’action pure. Cet atypisme se marque enfin par la noirceur de l’ambiance évoquée précédemment. Rarement une série n’a été aussi empreinte de pessimisme et de tristesse. Pas un épisode n’est ponctué par une touche d’humour. Pas un sourire ne parvient véritablement à masquer la tristesse. Dès lors qu’une once de bonheur apparaît, l’auteur a vite fait de nous rappeler que tout bonheur est éphémère.
Techniquement parlant, « Gunslinger Girl » ne présente pour ainsi dire pas de défauts. Les dessins sont beaux et très soignés, tant en ce qui concerne les décors que les personnages. L’animation, quant à elle, ne souffre d’aucun ralentissement et les scènes d’action sont aussi belles que rares, ce qui leur confère un impact certain. Les musiques, pour leur part, sont calmes et collent parfaitement à l’ambiance qu’elles contribuent d’ailleurs grandement à créer.
Conclusion
Succinctement, « Gunslinger Girl » est une œuvre de qualité, tant au niveau du fond que de la forme, et suscite la réflexion sur de nombreux points. Néanmoins, elle ne se destine pas à tous les publics…
Dorian
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