Fiche Technique
Type : Long métrage
Durée : 103 minutes
Date de sortie en France : 31 Août 2005
Réalisation : Shinji Aramaki
Production : Fumihiko Sori
Musiques : Ryuichi Sakamoto
Site officiel : http://www.appleseed.fr
Synopsis
L'histoire vous présente un monde post-apocalyptique. Les guerres s'enchaînent, et une nouvelle guerre mondiale vient de se terminer. Le monde est en ruine. Toutes les grandes villes du globe sont dévastées alors que les conflits continuent de plus belle. La race humaine est sur le déclin, la population mondiale est en crise et nous observons une très forte chute démographique. Au milieu de tous ces affrontements, se bat une jeune femme, Dunan. Malgré sa beauté apparente, elle est une véritable machine à tuer, entraînée dès son plus jeune âge par son père, grand militaire qu'il était. Le film démarre alors qu'un commando de soldats tente de s'en prendre elle. Elle sera secourue par des troupes inconnues qui vont alors l'endormir.
A son réveil, elle se retrouve dans une toute nouvelle cité, parfaitement intacte où les gens vivent apparemment heureux, Olympus. Elle va découvrir bien vite que la cité, en proie à de plus en plus d'attentats terroristes, réclame son aide.
Un véritable univers
Il faut savoir qu'Appleseed est l'adaptation d'un manga en cinq tomes de Masamune Shirow. Une première fois adaptée sous forme d'un OAV en 94, revoilà cette fresque cyberpunk remise au goût du jour et de la technologie. Olympus fait donc peau neuve. La ville est absolument sublime, et grâce aux nouveaux moyens disponibles, les créateurs ont pu rajouter une infinité de effets à cette cité afin de la rendre la plus réelle possible. Car oui, la volonté de Masamune Shirow a toujours été de créer un monde futuriste, certes, mais qui tend tellement vers le réaliste qu'il pourrait parfaitement être un avenir possible de notre monde actuel. Mais en quoi consiste ce nouveau monde ? Un endroit sans guerre, régie par une intelligence artificielle répondant au nom de Gaïa. Erigée pour gouverner la cité, elle a été programmée près d'une vingtaine plus tôt par d'éminents scientifiques afin d'être la plus neutre possible. Elle doit savoir prendre en compte toutes les données d'un problème et en déduire la solution la plus avantageuse pour tous les partis, humains, cyborgs et bioroïds. Bioroïds ? Oui, ceci est la race dominante sur Olympus. Ce sont en réalité des clones créés à partir de cellules humaines. Ils ont tout des humains à deux différences près : leurs émotions sont bridées et ils ne peuvent se reproduire. Ces deux restrictions leur obligent d'ailleurs à suivre quotidiennement un traitement afin de pouvoir survivre, leur métabolisme vieillissant très vite. Gaïa inhibe leur colère, leur amour et toutes autres émotions amenant les hommes à se battre en eux telles que la haine. Olympus dispose également d'une brillante force armée pour protéger comme il se doit la vie paradisiaque de la cité. Les habitants n'ont donc que peu de préoccupations ce qui leur permet de passer une vie tranquille. Toutes les décisions politiques sont prises par Gaïa et les sept anciens (tous bioroïds), eux-mêmes épaulés par une centaine de députés choisis parmi la population. Il va sans dire que ce monopole de contrôle qu'exerce Gaïa ne plaît pas à tout le monde, et tout particulièrement à certains humains.
Nous pourrions discuter des heures sur l'univers mis en place par Masamune Shirow mais il est bien sûr plus croustillant que vous le découvriez par vous-même.
Un déroulement critiquable
L'univers est planté, il est tout à fait plausible car cohérent. Il ne restait plus qu'à porter le scénario des cinq tomes résumé en une centaine de minutes. Autant dire que cela fait excessivement court, mais voilà l'objectif que se sont fixés l'équipe en charge du projet. Pour cela, il a fallu remanier pas mal de choses dans le déroulement de l'histoire et de la psychologie des personnages. Le scénariste a voulu faire tenir dans ce court laps de temps toutes les émotions habituelles de ce genre de production, la joie, la tristesse, le doute, le stress. Pour cela, il a fallu faire des concessions et cela se sent. Tout d'abord, les dialogues vont à l'essentiel pour la plupart. Il n'est pas question de développeur quoique ce soit sur le background d'Appleseed. Le problème vient également du fait que certains dialogues, pourtant moins intéressants que d'autres se voient traîner en longueur. Je pense notamment
[SPOILER] à l'agonie de Briarios sur la plage qui, non seulement traîne mais qui provoque une réaction assez paradoxale : le rire. Imaginez une frêle jeune fille qui arrive à porter une machine de plusieurs centaines de kilos sur de nombreux mètres, à la nage puis à pied, pour fondre en larme dessus alors que cette même machine se met à tousser...
[/SPOILER] Certains pourront peut-être m'objecter mon manque de romantisme mais la scène propose trop d'invraisemblances tout comme le pseudo suspens présent en tout fin auquel on n'adhère pas tellement la conclusion est prévisible. L'héroïne, bien que physiquement agréable, ne fait pas non plus preuve d'une originalité flagrante dans ses paroles, rétorquant une morale-cliché à toute personne en désaccord avec elle. Alors que certaines oeuvres proposent une ambiguïté dans la distinction entre le bien et le mal, Appleseed nous désigne les méchants sans laisser le spectateur faire son propre choix. Il est ainsi dommage de gâcher quelques scènes en raison d'une volonté flagrante de plaire au grand public.
Une réalisation fabuleuse
Toutefois, malgré une faiblesse du côté de la recherche scénaristique, les dernières nouveautés en matières d'animation ont été mises en oeuvre. Vous connaissiez l'image de synthèse, vous connaissiez la 3D, vous connaissiez le cel-shading, eh bien faites un mix des trois technologies et vous obtiendrez celle employée pour Appleseed, le toon-shading. Technique permettant de donner à des éléments 3D un rendu 2D du plus bel effet tout en conservant les apports de la 3D (ombres, réalisme des mouvements, ...). Appleseed est donc le premier film d'animation à employer cette technique et le moins que l'on puisse dire, c'est que pour un premier essai, il y a de quoi être enthousiaste. Les personnages sont absolument superbes, conservant le caché manga au titre alors que les décors font beaucoup plus réels. Seules les mains et les expressions faciales n'ont pas bénéficié de la meilleure représentation possible mais il faut savoir que, même avec les technologies actuelles il est extrêmement difficile de parvenir à un résultat parfait. Même si avec Advent Children nous nous rapprochons de cette perfection, il faut rappeler que Appleseed est sorti sur les écrans japonais en 2004. Le film n'est donc plus de première jeunesse mais continue pourtant à impressionner. Les mechas et autres armures de combats, tout en restant fidèles à l'oeuvre de l'auteur d'origine, sont merveilleusement modélisés et feront plaisir aux fans ; surtout que leur animation n'est pas en reste. Les scènes de combat sont extrêmement vivaces et prenantes. Les gestes sont très bien décomposés, ce qui permet une fluidité exemplaire et un plaisir visuel optimal. Sur le plan technique, le film est irréprochable.
Conclusion
Appleseed est un film à voir. De part sa plastique impressionnante et ses effets pyrotechniques à gogo, il se veut le précurseur d'une lignée de films utilisant la technologie du toon-shading. Le reproche majeur à faire à cette superproduction japonaise vient de la faiblesse des dialogues et de cette impression de scénario condensé qui pourrait décevoir les fans du manga. En même temps, les scénaristes ne pouvaient que difficilement faire autrement, il est vrai. De plus, il faut signaler d'assez bons rebondissements auxquels on ne s'attend pas forcément, pour une fois. Une chose est certaine : Appleseed ne plaira pas à tout le monde.