Titre original : Ghost in the Shell Innocence
Réalisateur : Mamoru Oshii
Histoire Originale : Masamune Shirow
Character Design : Hiroyuki Okiura
Type : Film
Année de production : 2004
~ Introduction
Basé sur l'OVNI de Masamune Shirow (également auteur d'Appleseed) répondant au doux nom de..."Ghost in The Shell", GITS Innocence est il un film d'animation de plus, se basant sur une soi disant recherche philosophique du moi du surmoi et autres trivialités du genre, mais qui ne casse pas trois pattes à un canard, ou est-il un bon divertissement si ce n'est plus?
Par une analyse des composantes même du film , j'ai nommé messieurs "Scénario", "Musique", "Réalisation", ainsi que par la présentation un petit peu plus poussée de certains thèmes usités dans ce film , j'espère vous aider à vous faire votre propre avis. Suivront ensuite mon avis sur le film, quelques critiques de revues cinéphiles, ainsi qu'une conclusion, parce que sinon, j'vais encore me faire incendier pour avoir fait un article bancal.
Sur ce, enjoy !!!
~ Monsieur Réalisation...
...s'est fait peaufiner de nombreuses années et cela se ressent. La 3D des décors ne souffre d'aucun défaut, tout comme la 2D des personnages d'ailleurs. Un énorme travail a été abattu, et on ne peut nier que cela est une franche réussite. Néanmoins il serait facile, beaucoup trop même, de dire que tout est parfait.
Notons d'abord un défaut notoire à toute animation qu'elle soit, même Disney dans la plupart des cas : L'animation des personnages secondaires. Bien qu'elle soit loin d'avoir été traitée par dessus la jambe, on ressent une différence de qualité par rapport à celle des personnages principaux que sont Batou ou Togûsa. Chose quelque part rageante quand on la compare à la scène dans le commissariat ou l'animation en arrière plan est parfaitement réussie et dynamique.
L'autre point critiquable n'est quant à lui pas forcément un défaut, puisqu'il vient de l'alliage 2D/3D qui est franchement visible lors de certaines scènes. Et là dessus, les avis sont très partagés. Si d'aucuns diront que cela est inadmissible pour un film à 16 millions de dollars de budget, d'autres et j'en fais partie opteront pour un choix esthétique du réalisateur Mamoru Oshii.
En effet, si l'on y regarde de plus près, les séquences ou ces différences nettes sont visibles le sont toujours dans un but bien précis (Faire ressortir l'innocence du gynoïde en contraste avec la saleté Tokyoïte dans la scène du début par exemple)
Cette impression est même renforcée lors de l'arrivée de Batou et Togûsa dans la zone ou se trouve le "siège social" de Locus Solus, ainsi que dans le lieu ou réside Kim, la 3D étant visible par endroits et à d'autres pas, afin de renforcer cette impression d'irréalité que souhaitait donner le réalisateur.
Toujours est-il que selon la façon dont l'on perçoit ce point ci, la qualité graphique variera de "très bonne" à "excellente" voire géniale...
Mais la réalisation ce n'est pas seulement la qualité de l'image....c'est aussi un travail de cinéaste sur les plans, les angles de vue et tout, et tout. Qu'en est-il de ce coté?
Bien que moins effrénée que dans le premier opus , la réalisation n'en demeure pas moins efficace, l'étant même peut-être plus? Pourquoi donc me direz vous? Tout d'abord pour sa capacité à alterner de façon encore plus réussie des passages très "rythmés" comme par exemple la scène chez les yakuzas à d'autres, plus calmes, qui marquent le calme avant la tempête, comme par exemple les scènes avec Batou et son basset Gabriel qui sont attendrissantes ou encore le défilé qui se déroule dans la zone ou Batou et Togûsa infiltrent Locus Solus.
En parlant d'ailleurs de cette scène, je pourrais vous citer nombre de gens, pas forcément amateurs de Japanime à la base qui n'ont eu que pour unique réaction "Ouah c'est somptueux" et autre joyeusetés du genre. Ce qui est parfaitement compréhensible, car encore plus que la scène de fin ou celles avec le toutou, ces quelques minutes expriment à elles seules le "Innocence" du titre...
~ Monsieur Musique...
... est parti en vacances chez Monsieur Kenji Kawai et Mademoiselle Kimiko Itoh. A l'arrivée qu'en résulte t-il ? Et bien, douze petits, disponible en un seul cd, que je vais vous décortiquer ici même.
Commençons par la première piste "Dungeon", qui bien que hors contexte peut paraître inutile, prend toute sa valeur une fois dans le film, accompagnant les pas de Batou, dans la saleté des bas fonds de la capitale Japonaise.
Suit sa petite soeur "Kugutsuuta ura mite chiru", musique du générique de GITS : Innocence, et par la même occasion, main theme de ce film. Si cette piste commence sous des airs de chant japonais typique , l'entrée en branle des congas lui donne toute sa force , et vous transporte de par les volutes des voix d'enfants qui en chantent les paroles. Et ce sans même les images par derrière. Je vous laisse donc imaginer le résultat avec les images du générique.
Nous arrivons maintenant à la piste 3 "Type 2052 Hadaly". Tout comme la première piste de l'OST, prise à part, cette musique put paraître inutile bien que parfaitement ficelée. Mais dans le film, une fois de plus, cela colle parfaitement à l'ambiance à décrire.
Et voilà que se profile "River Of crystals", chantée par Mademoiselle Itoh. Kenji Kawai a su s'adapter à la voix typique de la jazzwoman japonaise, et cela se voit, ou plutôt, cela s'entend. Tout comme le main theme, cette piste se suffit à elle même...et une fois couplée aux images du film, elle prend encore une dimension supérieure, nous montrant bien tout le dépit de Batou de la perte du Major...ce qui ne l'empêche pas de s'occuper de son chien Gabriel comme d'un fils.
Suit "Attack The Wakabayashi". Cette piste est bien plus violente que les quatre précédentes, ce qui peut se comprendre au vu de son utilisation dans le film (Dans une scène d'action). Cette piste est doublement réussie puisque non seulement, elle exprime l'intensité de ce passage, tout en se permettant de faire "monter la sauce" au fur et à mesure.
Nous voilà maintenant à "Erotofu", piste n°6 de son état. Contrairement aux deux pistes "d'ambiance" qui se trouvent plus tôt dans le cd (et donc dans le film), celle ci se suffit à elle même sans les images, puisqu'exprimant parfaitement la tension...tension plus que présente dans la scène du film d'où est tirée cette musique.
"Kugutsuuta aratayo ni kamutsudo hite" est quant à elle une variation du Main Theme, en plus long. Après une nouvelle fois une introduction par des chants typiques, dont les paroles diffèrent légèrement, la chanson reprend petit à petit le fil de la piste 2, puis en son milieu s'arrête quasi complètement, ne laissant entendre que le son des congas et des carillons, pour mieux reprendre une nouvelle fois la piste 2, dans son final.
Suivent ensuite "The doll house" 1 et 2. Ils sonnent tels une boîte à musique géante dont nous serions les marionnettes. Encore une fois, c'était là le but recherché vis à vis de la scène que cela accompagne dans le film. Si la première de ces deux pistes est plutôt lente, comme pour moi nous endormir, telle une berceuse, la seconde, fait monter de plus en plus la pression pour nous amener au dénouement. Les deux pistes, prises seules, n'ont que peu d'intérêt, mais écoutées à la suite, prennent toute leur force.
"Kugutsuuta kagirohi ha yomi ni mata muto" est quant à elle une nouvelle variation du main theme, couplée d'une dose de "The doll house" et de "Attack The Wakabayashi". Lors des cinq premières minutes, elle fait savamment monter la pression en les alternant, reprenant sur sa fin mot par mot le main Theme. Puis arrive la deuxième partie de ce morceau, qui comme lors de la piste 7, commence par un arrêt de toutes les voix et instruments sauf le carillon, pour mieux recommencer le savant mélange de la première partie, bien qu'étant plus axé sur "Attack The wakabayashi", tout cela pour déboucher une nouvelle fois, sur une fin de piste directement importée de "Kugutsuuta ura mite chiru" pour ce qui est des paroles, l'instrumentation étant différente puisque venant d'un autre morceau.
Arrive la piste n°11, piste d'ambiance d'une trentaine de seconde, qui suit les dernières paroles de Batou dans le film, et donc qui conclut ce film. Elle utilise elle aussi le même type de choeurs que lors du main theme, associé à une musique ressemblant nettement plus aux musiques d'ambiance du film.
Ne reste plus que l'ending Theme, chantée une nouvelle fois par Kimiko Itoh. Il reste sous une influence jazz, bien que celle ci soit dans un premier temps moins prégnante. Elle ressemble à une longue complainte, qui sert, je pense à évoquer les sentiments que Batou peut ressentir à propos de l'absence du Major.
~ Monsieur Scénar...
....bah oui fallait pas l'oublier lui. ET comme pour certains aspects graphiques, on a deux façons de l'aborder. Soit l'on se cantonne à l'histoire principale, et là n'en ressortira qu'un "polar bien ficelé, mais pas facile à comprendre tavu", ce qui n'est déjà pas si mal comme avis ; soit l'on prend l'histoire dans entière totalité, et l'on cherche à comprendre le but des dénotations.
Et c'est quand on le regarde avec cette optique là que GITS Innocence prend toute son ampleur. Car à travers les citations et autres références dont le film est truffée (Qui proviennent d'œuvres et personnes diverses, allant aussi bien d'une explication de la naissance d'une théorie de Descartes en passant par les lois de la robotique d'Asimov ou même la Bible), Mamoru Oshii introduit ici sa réflexion "philosophique" sur ce qu'est l'humain. Est-ce juste l'âme, l'âme et le corps, le corps ? A la fin de son œuvre, il y apporte sa réponse, venant de SA vision des choses, sans jamais pour autant vous obliger à être d'accord avec lui. (Même si j'avoue que j'aurai tendance à être en accord avec sa théorie.)
Mais alors me direz vous, "on doit se faire monstrueusement chier pendant le film". ET bien justement non, et c'est là toute la force de ce script. Il vous fait réfléchir, tout en vous laissant totalement immergé dans le polar qu'il raconte. Et c'est sur ce point qu'il se différencie de bien des "œuvres philosophiques" qu'on nous sert habituellement. On a toujours envie d'aller plus loin, autant pour la beauté graphique et la musique ont j'ai parlé précédemment que pour la qualité du polar ainsi que la façon dont son thème principal est structuré.
La philo à la portée de tous ? Peut-être bien…
~ Ne reste que mon avis…
…que voilà. Bien que j'aie essayé de rester le plus neutre possible, je pense qu'il transparaît dans ces lignes que j'ai été plus que soufflé par GITS : Innocence. Pour autant, je ne vais pas mes contenter de vous dire sur plusieurs paragraphes, car même si j'ai trouvé que ça roxxe sa mémé (tavu), j'ai aussi moins apprécié d'autres choses.
Tout d'abord, qu'est-ce que j'ai ressenti après un premier visionnage ? Et bien, j'étais émerveillé, que ce soit par la beauté des graphismes, de l'animation, la bande-son et tout un tas d'autres choses encore. La fin m'avait ému, et la réflexion philosophique qui y est développé avait atteint son but, me faire réfléchir, cela sans même que j'ai eu l'impression de le faire. Mais (Car il y a un mais) , je trouvais bien dommage que certains détails du scénario nous échappent, là ou pourtant l'on comprend si bien le vrai sens du film.
Ces points "noirs", je les ai évidemment éclairés après d'autres visionnages. Néanmoins c'est là je trouve le défaut du film : L'intrigue du "polar" est tant alambiquée qu'elle en devient parfois difficile à comprendre. Mais il faut croire que c'est une marque de fabrique de cette "série" puisque c'était déjà le défaut que je faisais au premier Ghost In The Shell.
Bien sûr, d'aucuns me répondront que c'est là la force de ce film : Le revoir pour en saisir toutes les subtilités…ce qui n'est pas faux en soi. Mais l'intrigue principale n'est pas, pour moi une subtilité, sinon autant enregistrer un débat philosophique sur la condition humaine.
Pour autant, et même si cela vous paraîtra paradoxal, ce film reste pour moi un des meilleurs que j'aie vu, une expérience unique que je conseille à chacun de vivre.
~ Critiques diverses
Positives
Chronic'art.com : "Ressasser, c'est le mot d'ordre du cinéma asiatique en ce moment. Entre l'éternel retour maladif de 2046 et le prochain Miyazaki dont le seul titre- Le Château ambulant- annonce d'emblée un beau programme, Mamoru Oshii fait lui aussi marche arrière. Ghost in the Shell avait beau s'ériger en oeuvre cristalline, summum de la japanime antonionienne, il n'en est désormais plus rien. Plus introspectif et ciseleur que jamais, le cinéaste transforme cet aboutissement des aboutissements en un premier volet porteur de défis et de germes en tout genre. Ghost in the Shell est mort, vive Innocence, nouvelle mutation d'une oeuvre qui érige le perfectionnisme au rang des Beaux-Arts. Oshii pousse les manettes à fond : plus de poésie, de philo et de beauté graphique, la surenchère est certes aussi attendue qu'un vulgaire sequel hollywoodien. Sauf qu'ici, la perfection devient l'enjeu et le dispositif du film.
Evolution oblige, Oshii remplace la major cyber-sexy principale par un terminator dépressif. L'humanité se fond inexorablement dans la technique, vaste écho au film qui "s'informatise" au maximum pour approcher la perfection. Batoû le cyberflic n'a même plus les yeux du manga, ces fameux globes oculaires plus expressifs que la moyenne mais des objectifs de camera. Effet glaçant et patibulaire, effet pervers qui nourrit cependant la fascinante mégalomanie d'Oshii. Débarrassé d'exposition dramatique et des a priori artistiques du premier opus (Ghost in the Shell fut l'incontestable preuve médiatique de la reconnaissance du genre), il trouve dans l'exercice du deuxième segment, une liberté incroyable doublée d'une rigueur fertile. A lui d'humaniser le personnage, au personnage de trouver la moindre poussière d'humanité.
D'où un va-et-vient lancinant entre trivialité purement humaine et ripolinage high-tech. Le film pose la première pierre de sa noble quête philosophique au détour d'un rayon de supermarché, il se gargarise de citations de grands penseurs tout en se nappant de numérique. En somme, du Matrix rigoriste qui ne renonce pas à son projet initial : celui de trouver dans les méandres du polar futuriste une trouée, une insatisfaction entre le bug informatique et la question philosophique laissée en suspens. C'est toute la force d'Innocence, film supra-exigeant envers lui-même et les autres (ce sera dur pour les profanes), qui traque les imperfections (des souvenirs perdus de Batou aux défaillances techniques des cyborgs), et s'en nourrit comme autant de trappes ludiques et d'expériences d'alchimiste. Pur chef-d'oeuvre."
Les inrock : "Innocence dépasse en beauté, en audace et en intelligence le premier opus. (...) C'est par son incommensurable beauté contemplative, la brièveté et la violence de ses scènes d'action noyées dans un océan de mélancolie urbaine et de considérations existentialistes qu'Innocence frappe les esprits et ravit les sens."
Moyennes
MCinéma.com : "Mélangeant, comme ce dernier, images numériques et animation traditionnelle, INNOCENCE est une déception à la hauteur de l'excitation qu'il suscitait. Restent, malgré tout, quelques jolis instants, notamment l'envoûtant générique de début. Bien peu pour satisfaire notre soif de découverte en animation, stimulée par des productions de plus en plus ambitieuses."
Positif : "Les aficionados s'amuseront sans doute à trouver un sens à ce chapelet de références philosophiques. Les autres, plongés dans un bain chaud, goûteront au confort moelleux d'un fauteuil de cinéma en rêvant à autre chose."
Mauvaises
L'écran Fantastique : "Sans jamais parvenir à égaler son premier Ghost in the Shell, Mamoru Oshii s'auto parodie, prouvant ainsi les limites de son inspiration. Dans cette caricature de monde futuriste, les humanoïdes ont définitivement remplacé l'Homme. Espérons que cette crise ne soit que passagère..."
Zurban : "Totalement abscons, le scénario est un amalgame de concept futuro-politico-religieux autour d'un cyborgs qui cherche ses traces d'humanité intérieure (...) L'image futuriste que Mamoru Oshii projette sur la cité est réussie (...) L'admiration esthétique n'est hélas que de courte durée : le verbiage technique achève de nous consumer"
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~ Conclusion
En quoi ce "mélange de Matrix, Terminator et la bible" (Dixit ma belle maman, si si c'est vrai, juré craché sur la recette de la carotte à l'eau de Javel) est si immersif? C'est la question que chacun se pose après un premier visionnage. Cela viendrait-il de la musique, de la qualité des images, des choix du réalisateur, du scénario?
Il l'est en fait pour toutes ces raisons , car chacun de ses points complète l'autre , mais aussi , et c'est ça qui le rend génial , par sa faculté à vous rendre la philosophie intéressante et à portée de main , vous forçant à réfléchir sans même que vous vous en rendiez compte.
Cette review, qui bien que subjective, comme n'importe quel travail de critique, vous donnera, j'espère, envie de voir le film, pour ceux qui l'auraient raté au cinéma et en DVD, et pour ceux qui l'auraient déjà regardé 9999 fois, vous poussera à le revoir une dix millième fois afin d'en ressaisir toutes les subtilités (et aussi afin de pouvoir venir remettre de l'eau au moulin sur
le débat sur le forum).