Titre original : Mushishi
Auteur : Urushibara Yuki
Studios : Marvelous Ent. / Artland / ADK
Années de production : 2005-2006
Genre : Fantastique
Episodes : 26 épisodes de 24 minutes.
Attention, série chef d'oeuvre. Mushishi a été ma grande découverte de l'année dernière. Suite au conseil d'un ami, j'ai pris la récupération des épisodes à coeur malgré une appréhension préalable. Effectivement le staff est composé d'une bande d'inconnu et le studio est loin d'être un des plus prolifiques à l'heure actuelle. Si on omet que le directeur de l'animation a aussi travaillé sur Noein et que le compositeur des musiques n'est pas un petit nouveau, le reste n'a rien de vraiment passionnant. Et pourtant, dès le premier épisode la magie se crée, l'attraction est totale et à moins de ne vraiment pas accrocher, il n'est plus possible de s'arrêter de visionner.
Mushishi reprend l'histoire du manga du même nom écrit par Yuri Urushibara qui s'est vue d'ailleurs remettre deux prix majeurs pour cette oeuvre. Le monde que nous allons découvrir ressemble beaucoup au Japon traditionnel du début du siècle dernier d'un point de vu architectural, social et écologique. Cependant les aspects politiques et guerriers ne sont pas du tout traités, de plus aucun nom de ville ou de région n'étant cité, on peut tout aussi bien penser voyager dans un monde imaginaire.
Le scénario tourne autour des mushi, des créatures de tailles variables (souvent minuscules) aux formes multiples et invisibles pour la majorité des autres êtres vivants. Il s'agirait d'une forme de vie primitive ayant toujours existé et étant à l'origine de toutes les autres. Les mushi peuvent parfois interagir avec leurs milieux. Dans une majorité de cas, ils sont soit inoffensifs soit nécessaires à l'écosystème de leur habitat, mais dans de rares situations les humains peuvent se retrouver gêné voir même blessé par leur présence invisible.
C'est là qu'interviennent les mushishi, ou chasseurs de mushi, qui possèdent la capacité de voir et de sentir la présence de ces fascinantes créatures. Leurs rôles sont divers, médecins de prime abord, harmonisateurs dans la majorité des cas mais aussi tueurs en dernier recours.
Mushishi est une série de 26 épisodes dont la construction rappelle étonnement Cow Boy Bebop. Chaque épisode propose un scénario distinct et la trame principale n'est développée qu'au cours de deux épisodes placés stratégiquement au milieu et à la fin. Ces deux apartés nous comptent l'enfance du héros, Ginko, et nous aide à mieux comprendre qui il est et pourquoi il a choisi cette profession de mushishi (de la même façon que Spike et son métier de chasseur de primes).
Pour le reste, la construction d'un épisode est assez simple. On commence généralement par découvrir une situation à priori inexplicable, Ginko finit par comprendre de quel mushi il s'agit et on assiste fasciné à la phase de résolution du problème. Derrière cette simplicité toute relative, c'est surtout l'occasion pour l'auteur de nous démontrer le sens profond du mot imagination couplé à un sentiment permanent d'émerveillement.
A titre d'exemple, le troisième épisode confronte notre mushishi à une espèce rare de mushi vivant dans les oreilles de sa victime. Le malade commence alors à entendre les bruits internes de son corps à la place des bruits externes de son environnement. La manière de s'en débarrasser est là encore surprenante et pas démunie d'une pointe de poésie (!!!!!! attention gros spoil !!!!!!), la personne infectée doit réussir à écouter et à s'harmoniser avec les sons de son propre coeur pour tuer le mushi parasite.
Bien entendu, le déroulement de la série est assez lent, mais l'intérêt est sans cesse renouvelé aussi le sentiment de lassitude est inexistant. Comme je l'ai dit plus haut, l'imagination semble être une qualité inhérente à l'auteur et il n'arrive jamais que l'on croise deux fois la même situation, où même quelque chose de ressemblant. Le panel de personnages rencontrés a lui aussi tout pour plaire. Si le héros reste le même et que l'on passe le plus clair des épisodes en sa seule compagnie, les "contaminés" profitent d'un travail fort sur leur personnalité pour là encore ne jamais ressembler à ceux rencontrés auparavant. Aussi, entre le vieux mushishi fatigué de vivre, le jeune rêveur partant sur les traces de son père à la recherche d'un arc en ciel, le couple séparé par l'action d'un mushi sur l'un des deux... On aura l'occasion de croiser des gens en tout point passionnant et profitant d'un chara design au top.
Dans le même ordre d'idée, la qualité des décors fait plaisir à voir et on aura la surprenante impression de ne jamais se retaper la même chose d'un épisode sur l'autre (renforçant le côté nomade du héros). Là encore, en toute honnêteté, je crois que ce sont les plus beaux graphismes qu'il m'ait été donné de voir depuis très longtemps, notamment en ce qui concerne la végétation. A noter que le studio n'a d'ailleurs pas choisi la voie de la simplicité, aucun angle de vue, aucune situation ne vous montrera le classique écran quasi vide ou très flou qu'on se tape malheureusement trop souvent. Ici tout est fait pour vous dépayser et ça passe par une végétation luxuriante, des villes détaillées pavés par pavés et jamais aucun angle mort fait exprès pour économiser le budget.
L'animation n'est pas en reste et même si la série ne donne jamais dans le combat, c'est avec une fluidité parfaite que les scènes se dessinent devant nos yeux. Ca se sent notamment sur les visages des personnages et le déplacement de leurs mains, il y a là une précision dans le travail réalisé que l'on a pas la chance de voir souvent.
Pour parfaire notre évasion, je ne peux m'empêcher de dire quelques mots sur la musique somptueuse de la série se permettant l'utilisation d'instruments aux sonorités parfois très étranges. Si on aura un peu de mal à profiter pleinement de l'OST une fois la série terminée, à cause de sa lenteur et de son côté calme un peu trop poussés. Il faut reconnaître qu'elle s'adapte parfaitement aux épisodes en renforçant de façon exceptionnelle le côté zen et poétique global de l'oeuvre.
Impossible d'en dire plus sur Mushishi sans rentrer dans le spoil tant même l'épisode 1 est un pur bonheur à découvrir dans son intégralité. Si cette série ne plaira pas à tout le monde, notamment pas au naruto-fan et autre monomaniaque exclusif de shônen. Il y a fort à parier que l'esthète en manque de zen, le rêveur invétéré voir même l'amateur des oeuvres de Miyazaki tant l'ambiance y ressemble, auront tout intérêt à découvrir ce petit bijou au plus vite. Un tel monde de rêve à l'ambiance véritablement unique, ça serait honteux de passer à côté.