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Panzer Dragoon Saga
Titre: Panzer Dragoon Saga
Plate-forme: Saturn
Genre: RPG
Developpeur: Team Andromeda
Editeur: Sega
Sortie JAP: 29/01/1998
Sortie US: 30/04/1998
Sortie Europe: 1998
Ecrit le 01-06-2006 par Lee-Perry
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L'age d'or de l'humanité a pris fin il y a fort longtemps. La surface de la terre propose aujourd'hui une vision apocalyptique à ceux qui y posent leur regard et seules quelques ruines témoignent de ce que fut la vie de nos ancêtres. Ces ruines titanesques évoquent à elles seules la quête perpétuelle de puissance et de savoir qui animait les hommes de cet âge perdu. Ces vestiges sont également les stigmates indélébiles de la lutte intestine qui a eu lieu entre les hommes de cette ère et leurs créations infernales. Car selon les légendes, ce sont précisément ces créatures qui ont mit fin à l'humanité en échappant au contrôle de leurs créateurs. Cette rébellion semble avoir été initiée par les dieux afin de punir les hommes pour avoir outrepassé les pouvoirs qui leur ont été accordés.
L'humanité s'est malgré tout relevée de cette épreuve divine mais ne semble pas avoir tiré les enseignements de cette catastrophe puisque des excavations ont été entreprises dans ces ruines. Une partie de l'humanité a en effet décidé de reformer l'ancien Empire et de puiser dans les ruines d'antan la puissance nécessaire pour ce faire. Mais cette entreprise n'est pas du goût de tous et hormis les tribus de "Hunters", nomades et chasseurs de cette ère de désolation, un groupe antagoniste à ce nouvel empire nommé "Craymen" semble désireux de ne pas laisser l'Empire s'approprier les artefacts et les connaissances oubliés.
Au pied de l'une de ces ruines se trouve Edge, jeune garde de l'Empire chargé d'en surveiller l'accès et de protéger le site contre toutes intrusions des Craymen. Mais un jour, ces derniers se manifestent et tentent de voler les puissants artefacts que contiennent ces ruines. Edge est alors témoin de l'attaque, mais surtout il voit les Craymen enlever un artefact très curieux puisqu'il s'agit en fait d'une jeune fille emmurée dans l'une des parois de cette ruine. Et alors qu'il paraissait logique que cette jeune fille soit morte depuis bien longtemps, cette dernière ouvre les yeux et fixe Edge sans mot dire.
Malheureusement, Edge est contraint de fuir à l'intérieur des ruines malgré l'immense attrait que suscite en lui cette jeune fille. Dans sa fuite, il se retrouve aux prises avec une créature d'un autre temps et tombe dans un précipice abyssal.
Sauvé par un lac souterrain, Edge s'extirpe de l'eau mais tombe cette fois ci sur une légion de créatures inconnues. Et alors que tout semble perdu, l'improbable survient. Un puissant dragon surgit et anéanti la légion en quelques secondes. Edge est en proie aux questions les plus diverses : Pourquoi ce dragon l'a t-il sauvé ? Pourquoi semble t-il si amical ? Qui est cette fille ? Où sont les Craymen ?
Mais ce questionnement va tourner court car le nouvel allié d'Edge se montre pressant et l'invite à monter sur son dos pour partir à la recherche des Craymen.
C'est ainsi que la véritable aventure de ce binôme va débuter, sur les traces des Craymen ainsi que sur celles d'Azel, cette mystérieuse jeune fille qui semble être au coeur des rivalités opposant l'Empire aux Craymen.
C'est dans ce monde post apocalyptique que la Team Andromeda (développeurs affiliés à Sega) vous propose de prendre place. Un monde ravagé dans lequel ne subsiste que quelques villages et campements, ainsi que la grande capitale dirigée par l'Empire, capitale qui ne doit son essor qu'à la découverte de puissants artefacts. Edge, quant à lui, n'est qu'un simple soldat employé par l'Empire comme de nombreux autres. Il est jeune et n'a pas vraiment le profil d'un héros. Mais ces considérations n'ont semble t-il pas freiné le dragon dans sa quête d'un partenaire puisque c'est Edge qui lui a semblé le plus apte à l'aider. Et même si nos deux protagonistes ne se comprennent que très peu, ils s'aperçoivent bien l'un et l'autre que leur but est commun dans une certaine mesure. Il faut d'ailleurs reconnaître que les différents protagonistes du jeu ont quelques difficultés à communiquer entre eux. Certains campent sur leurs positions en refusant le dialogue, d'autres n'utilisent tout simplement pas le même langage. Cet aspect tend à renforcer l'ambiance lourde et énigmatique de Panzer Dragoon Saga.
Même si certains le savent déjà (ou s'en doutent) Panzer Dragoon Saga s'appuie bien évidement sur le background de la série Panzer Dragoon, sortie également sur Saturn (et PC pour le premier épisode) et qui s'avère être composée de shoot them up très réussis pour l'époque, nantis d'un univers très travaillé, et pour cause : La team Andromeda s'était en effet attachée les services d'un dessinateur de génie à savoir Moebius (alias Jean Giraud), ce qui assure, vous en conviendrez, un style unique et un design irréprochable. Ce qui est le cas pour Panzer Dragoon Saga, je vous rassure. Avant d'aborder le thème des graphismes plus avant, laisser moi vous faire un rapide historique de la situation ludique de l'époque.
Tout d'abord il faut savoir qu'à l'époque ou sort Panzer Saga, les deux consoles qui se "partagent" le marché sont la Playstation et la Saturn. Mais nombre de joueurs ont préférés se tourner vers la Playstation car les capacités de la Saturn en matière de 3D ne sont pas franchement à la hauteur de celles que propose la Playstation. Sega, piqué au vif par ce constat indubitable, s'attelle alors a proposer aux joueurs Saturn un rendu 3D correct afin de s'approcher au maximum des meilleurs productions de la Playstation. C'est ce qui sera tenté (un peu tard) avec des jeux comme Burning Rangers (seul jeu Saturn a gérer les effets de transparence il me semble), Shining Force 3 et bien sur Panzer Dragoon Saga.
C'est dans ce contexte hautement concurrentiel que sort donc ce jeu (début 98 au Japon, fin Avril de la même année aux States et fin d'année chez nous) qui avait comme objectif de contrer l'arrivée sur Playstation de la saga Final Fantasy. Objectif complètement manqué en terme de ventes, mais loin de l'être en terme qualité.
Pour essayer de contrer Sony, Sega va donc tenter de réaliser un RPG entièrement en 3D et non en 2D précalculée comme c'est le cas pour la série Final Fantasy sur PS1. Et force est de constater que cette difficile entreprise fut fort bien réalisée compte tenu des capacités de la Saturn. En effet, quelques minutes de jeu suffisent pour que le joueur sente tout de suite qu'il y a eu du travail, et que ce travail a été réalisé par les orfèvres de la profession. Les décors sont effectivement très détaillés, très colorés et avec bon goût en général, les zones de jeux sont plutôt vastes, et les modèles 3D des personnages convaincants. Même si pour les personnages humains, le nombre de polygones doit être plus proche de celui des personnages de FF7 que de FF8. Par contre, les dragons et le bestiaire en général est particulièrement réussi. Pour une fois, les ennemis rencontrés ne sont pas ridicules au possible et les fameux dragons sont franchement sublimes, que ce soit celui que vous chevauchez ou ceux que vous rencontrerez. D'autant plus que votre monture pourra changer son apparence en fonction de sa spécialisation (attaque, magie, défense...), mais nous y reviendrons.
Néanmoins, ce que l'on gagne en qualité et en détails, on le perd fatalement d'un autre coté.
Car il faut bien reconnaître que certaines faiblesses techniques sautent aux yeux de l'initié.
Tout d'abord la résolution est assez basse et même si cela était monnaie courante à cette époque, les décors très détaillés font d'autant plus ressortir cette carence. Ensuite il y a quand même pas mal de petits bugs par ci par là. On voit entre autre pas mal de chevauchement de texture, de petits bugs de collisions et autres. Rien de très grave ceci dit mais cela entache un peu la grande qualité du travail accompli. Enfin et surtout, ce jeu est un magnifique exemple de ce que l'on appelle le clipping. Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu'est le clipping, je me permet de les renvoyer au dossier intitulé "les termes barbares du Jeu Vidéo" qui a le bon goût de se trouver sur ce site. Ce fâcheux phénomène ne se produit heureusement pas partout dans le jeu. Il se produit surtout lorsque vous êtes dans les mondes extérieurs, à dos de Dragon et que la distance d'affichage est du coup plus importante que dans les villes. D'autant plus que dans les villes, certaines astuces de programmation ont permis de palier ce problème.
Hormis ces faiblesses, compréhensible par rapport à l'époque et aux capacités de la Saturn, le jeu est vraiment une réussite graphique car en plus d'une technique de haut vol, le design général est excellent. Pour finir sur l'aspect strictement graphique, il y a un autre aspect excellent qui se doit d'être mentionné. Il s'agit des cinématiques car celles-ci sont vraiment réussies (à part pour la résolution) et elles sont surtout extrêmement longues et nombreuses. Rien que la cinématique d'introduction dure une vingtaine de minutes. Et pour faire tenir tout ça, le jeu s'étale sur la bagatelle de quatre CD, contenus dans un coffret magnifique (pour la version PAL en tout cas).
Et là, je vous entend déjà en train de vociférer "Quoi, quatre CD, mais le jeu doit être super long". Et bien en fait, pas vraiment. On peut même dire pas du tout puisque il ne vous faudra qu'une grosse vingtaine d'heures pour en faire le tour. "Quoi, vingt heures, mais c'est scandaleux". Dans l'absolu c'est effectivement scandaleux, mais dans les faits ça l'est déjà moins. Car ce seront vingt heures pleines pour ainsi dire. Il n'y a quasiment aucune longueur dans le jeu (heureusement) et l'on passe assez peu de temps dans les mêmes endroits. De plus, on passe également peu de temps a faire du Level Up, à chercher son chemin et à faire toutes les autres choses qui demandent du temps dans les RPG plus traditionnel. Mais il faut reconnaître que cette faible durée de vie est un défaut notoire. Cependant c'est peut être le seul défaut véritablement gênant du jeu, ce qui explique sans doutes que les joueurs soient passés outre et gardent un souvenir très positif de Panzer Saga.
Le principal souvenir que l'on garde de ce jeu est à mon sens l'ambiance très particulière qui se dégage de Panzer Saga. De par son scénario énigmatique au possible, l'ambiance pesante de fin du monde s'apparentant à celle d'un bon Mad Max, ses protagonistes aussi sombres que leurs ambitions mais aussi grâce à ses musiques tout à fait dans l'esprit du soft. Car effectivement, cette fameuse ambiance est due en grande partie à la bande son. Elle est en effet ténébreuse, faisant ressortir l'aspect énigmatique de la quête d'Edge et surtout de sa monture. La musique est également plutôt mystique par moment donnant un aspect solennel à certaines scènes. Quant aux villes et villages, les thèmes versent d'avantage dans l'exotisme, ressemblant à ceux de Xenogears. C'est d'ailleurs l'OST qui est la plus proche de celle de Panzer Saga pour vous situer le type d'ambiance. J'ai par ailleurs trouvé les musiques lors des combats assez excellentes car elles ne tranchent pas du tout avec celles que l'on écoute avant ces sempiternelles joutes. Et pour parachever cette ambiance exotique, sachez que les dialogues sont parlés mais en Japonais ce qui n'est peut être pas plus mal et en tout cas pas gênant.
Puisque l'on parle des combats, arrêtons nous sur ce point car il est fort intéressant. Tellement intéressant que ce système a été repris par la suite par Sega dans l'un de ses RPG phare, à savoir Skies of Arcadia (pour les combats en bateau). Ici, point d'équipe, vous êtes seul sur votre Dragon. Vous avez bien chacun votre attaque, mais c'est chacun son tour et le Dragon reste quand même bien plus puissant que notre jeune ami Edge et son petit pistolet. Il y a certes des ingrédients commun à tous les RPG comme la barre de vie et de magie (seul le Dragon lance les sorts), un inventaire d'objets (là, seul Edge peut les utiliser) et une barre de temps pour attaquer mais déjà sur ce point, les choses commencent à changer. Vous avez en effet trois barres qui se remplissent avec le temps et qui vous permettent de réaliser les différentes actions : une barre pour les attaques de bases et les objets, et de deux à trois barres pour les sorts suivant leur puissance. Là où ça devient diablement bien pensé, c'est au niveau du déroulement des combats. Vous devrez en fait tourner à dos de Dragon autour de votre ou de vos adversaires, en tentant de trouver son point faible et en évitant les zones ou il fera beaucoup de dégâts en cas d'attaque. Concrétement, vous avez en bas de l'écran un petit radar avec des zones (quatre) de différentes couleurs suivant le niveau de danger : rouge vous prenez les dégats maximum, neutre vous prenez des attaques normales et vert vous ne risquez pas grand-chose.
A vous de jongler entre ces zones car les choses sont souvent assez corsées dans la mesure ou bien souvent, les points faibles de l'ennemis ne pourront être visés qu'à partir des zones rouges. De plus, l'ennemi n'étant pas totalement stupide, il essaiera de vous attirer dans ces zones par tous les moyens y compris en se déplaçant. Il y a bien sur bon nombre de cas figure autre que celui que je vous ai décrit mais il me serait bien impossible de vous en faire une liste. Ce système, en plus d'être extrêmement dynamique, s'avère être très plaisant d'un bout à l'autre du jeu. C'est assurément une réussite et le système d'amélioration de votre Dragon contribue grandement à l'attrait suscité par ce système de combat puisque vous pourrez le spécialiser dans quatre domaines : l'attaque, la défense, l'agilité (pour les déplacements notamment) et la magie. A savoir que l'attaque est opposée à la magie et la défense à l'agilité. Donc quand vous en augmenter un (vous pouvez modifier ces valeurs à tous moments) , l'autre diminue. Cela apporte plus de profondeur stratégique et permet d'aborder les combats de différentes manières.
Enfin, je vais aborder la manière d'évoluer dans les zones pacifiques comme le sont les villes et villages car là aussi c'est assez original. Lorsque vous voulez interagir avec quelques chose il vous faut appuyer sur A pour faire apparaître un petit viseur sur l'écran. Puis, avec ce viseur, vous devez cibler la personne ou l'objet avec lequel vous voulez interagir. Un peu à la manière d'un "Point and Clic" comme la série des Myst et autres Monkey Island. Si vous pouvez interagir avec l'objet choisi, le curseur change et vous permet de parler, prendre ou obtenir des renseignements. Chose amusante, suivant la distance depuis laquelle vous ciblez, vous aurez différentes informations. Il est par exemple préférable de cibler des personnes de loin pour écouter leur conversation sans être repéré et pris pour un indiscret. Et l'on utilise le même viseur dos de monture pour ramasser les trésors dans les zones de combat ou encore passer les portes ou entrer dans les ruines. C'est un peu la même chose que le système de "Lock" de Panzer Dragoon version Shoot. Ils ont bien raison de reprendre les bonnes idées chez Sega, surtout que ce sont les leurs.
Avec toutes ces bonnes idées, ces bonnes intentions, Panzer Dragoon Saga ne pouvait être qu'un grand jeu. Et je peux affirmer sans me tromper qu'il l'est. De son système de combat à son scénario et son ambiance tout à fait singuliers, de ses personnages tortueux aux musiques envoûtantes, tout y est pour que le joueur passe de bons moments. Sauf peut-être lorsqu'il se rend compte que son aventure se termine crûment au bout d'une vingtaine d'heures... Mais les nombreux secrets sauront rassasier les plus gourmands. D'autant plus que ces heures deviennent de plus en plus précieuses au vu du prix qu'atteint ce jeu de nos jours.
Note Finale: 17 / 20
Lee-Perry
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